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Nexus : CorrespondancesConfortablement installé dans une de ses innombrables cachettes, le vieux castillan contemple les quatre lettres dûment cachetées posées devant lui. Presque inconsciemment, il les détailles, reconnaissant rapidement les différents émetteurs. Ouvrant la première, il reconnaît la petite écriture nerveuse de Jean de Rougemont. Passant sur les diverses introductions et considérations banales, il parcours rapidement le manuscrit, intercepté et transmit par Fabrice Garmand « Ma chère Angeline… Vous apprendrez avec plaisir que outre ma modeste contribution, plusieurs de mes estimés pairs, parmi lesquels Robert de Faing et Armand de Capenet ont demandés à l’Empereur et à son entourage de tenter de limiter les destructions aux objectifs purement militaires, épargnant ainsi les populations civiles ainsi que le patrimoine scientifique Castillan si riche dont vous m’avez tant parlé… ». Mettant la lettre de côté, l’homme bu à la santé de l’enthousiaste Comte de Rougemont et a celle de son bon Fabrice Garmand. La missive suivante vient également de Charouse. Sa rédactrice a gardé une écriture déliée d’enfant. De son style un peu ampoulé, elle reporte « Le Marquis de Tignac étant tombé malencontreusement malade, et vu l’éclatement de « l’affaire Peunade », Robert de Faing, Madeleine Charasse et Armand de Capenet sont les candidats les plus probables à la Haute Cour Militaire pour la Castille, chargée de superviser les actions des généraux de Castille. La situation est donc conforme à vos demandes. ». Souriant un instant au souvenir de la belle courtisane, l’homme porta un toast à Gabrielle Ménard. Réajustant ses petites lunettes, l’homme se lance dans la troisième lettre, celle ci presque implorante : « Je vous rappelle que vous m’aviez promis les extraits suivant pour le début de ce mois. Je vous conjure de vous hâter, car ma santé pourrait se dégrader rapidement s’ils venaient à manquer… ». L’homme passe quelques lignes de jérémiades. « Par ailleurs, suite à mon insistance, un nommé Tobias a été chargé par un proche de l’Empereur d’une mission de reconnaissance auprès de la noblesse Castillane du Rancho Torrès (dont Don Marco Ochoa), pour y rechercher toute alliance possible, ainsi que l’autorisation d’user du Trésor Impérial et de toutes autres méthodes pour convaincre vos compatriotes. Mais concernant ces extraits…». Jonglant un instant avec l’idée de faire encore patienter Auguste de Rosemonde, il se ravise, et boit une petite gorgée à la santé du Duc. La dernière lettre provient de Castille. Elle seule lui est adressée directement. Toutes les autres ont suivi un chemin complexe entre différent intermédiaires. Tout dépend maintenant d’un seul homme. Très calme, il décachette proprement l’enveloppe, sort une petite grille en papier, et entreprend de décoder le message. Précautionneux, il vérifie une dernière fois l’exactitude de sa traduction, se ressert un verre et se plonge dans la lecture. Dissimulé sous une anodine question de mathématique d’un étudiant à son ancien professeur, le message de Benito Gabinero est clair et concis : « Don Marco Ochoa a accepté notre offre, sa défection contre notre silence. Je doute qu’il y survive fort longtemps, mais cela devrait suffire. Il attendra ‘notre envoyé’. Reste à assurer la sécurité de son fils d’ici là. ». Le vieil homme pense a son jeune et méritant étudiant, et lève son verre à la future génération. Le vieux castillan déguste tranquillement la fin de son vin. Tout est désormais en place. Il n’a plus de raisons de se soucier particulièrement de la guerre, elle pourrait même donner lieu à de multiples opportunités. Altamira est sauve. Le bruits des batailles, et ses désagréments pour la recherche scientifiques et les divers travaux en cours n’atteindra pas l’université. Le problème posé par le Haut Général Montegue est désormais du ressort du Bon Roi Sandoval et ses conseillers. Bien sûr, rien n’est encore fait, mais il a confiance en ses hommes, et en-lui même. Gabrielle Ménard, Fabrice Garmand, le Duc Auguste de Rosemonde, Benito Gabinero… Qui pourrait deviner qu’une main unique se cache derrière les actes de toutes ces personnes si différentes ? Qui pourrait croire à un complot ourdi par des gens ne se connaissant pas, d’origine si variées ? Cette nuisance étant évacuée, il est temps de se pencher sur des problèmes plus importants. Le vieux professeur note mentalement de garder Alvaro Ochoa sous surveillance. Le jeune homme, inconscient du marché passé avec son père, pourrait lui être très utile… Surtout s’il l’aide à échapper aux griffes de l’inquisition. Avec cette dernière pensée, Alvara Arciniega s’autorise finalement un petit sourire de satisfaction. |