Fabrice
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Fabrice : Les salons de Charouse

            Sous les applaudissements nourris, Fabrice Garmand quitte la petite estrade du salon, épongeant quelque traces de sueurs à l’aide d’un mouchoir en soie. Une fois de plus, sa déclamation avait été appréciée comme il se doit. Rejoignant ses nombreuse connaissances et amis dans le petit salon, il répond aimablement aux différentes questions. Comme lui, la plupart des personnes présentes sont jeunes, bien éduqués mais de sang commun. Plutôt que de se salire les mains dans un des innombrables domaines d’artisanats, ils préfèrent mener la vie de salon, faisant profiter nobles et riches marchands de leurs nombreuses connaissances artistiques ou scientifique. Même s’il en est arrivé à apprécier son patron et mécène, Jean de Rougemont, Fabrice ne se sent jamais aussi à l’aise qu’au milieu de ses pairs.

            Mais ce soir, plusieurs fils et filles de famille noble sont présent parmi eux, dont Angeline de Rougemont, la propre fille du Comte. Celle-ci l’interpelle :

-         Fabrice, votre texte était superbe !

-         Milles merci, Mademoiselle, mais il n’est pas de moi. Je tente juste de faire passer les émotions du texte original de Sandro Hardenez

-         Et ce brave homme écrit en montaginois ? Quelle heureuse idée.

-         Hélas non, comme beaucoup de ses compatriotes, il préfère sa langue natale, ce texte était une imparfaite traduction de ma part.

-         J’ose espérer que vous aurez encore l’occasion de nous le lire en tout les cas.

-         Si cela vous agrée, je n’y manquerai pas, Mademoiselle, mais vous savez, la Guerre…

-         Oh ! Vous ne pensez quand même pas que l’on puisse s’en prendre a de si nobles œuvres ?

            Fabrice sourit. Le sujet était lancé, et déjà plusieurs autres jeunes gens rejoignent la discussion. Son discours est bientôt repris. La jeune noblesse de Montaigne, si insouciante qu’elle soit quand au sort des paysans castillans, se montre horrifiée par l’idée de destruction de textes ou d’œuvre scientifiques. Un de ses compagnons en rajoute :

-         Imaginez vous que nous risquons de perdre des années et des œuvres immortelles, comme celles de Roman Ibenez ou les dernières théories de Gaspardo Andreas…

-         Vous voulez parlez de ces exquises idées sur les plantes et nos forêts ?

-         Celles-la mêmes dont nous parlions il y a deux semaines, oui… Tout cela pourrait bel et bien partir en fumée… Bien entendu, ces considérations ne doivent pas empêcher notre bon Empereur, loué soit-il, d’infliger à la Castille arrogante la punition qu’elle mérite.

-         Mais, intervient Angeline, tout de même, je veux bien qu’il faille faire la guerre, mais tant de barbarie…

Ce type de remarque provoque habituellement chez Fabrice une colère noire, froidement contenue. Mais aujourd’hui, ce genre de propos le sert, et il a trop besoin de l’appui du père de la sotte aînée des Rougemont. S’ensuit un décompte des différents auteurs du Rancho Soldano, et des pertes probable, chacun tentant de retrouver un nom ou une œuvre. Il s’est prudemment retiré de la discussion. Personne ne doit supposer qu’il la mène où il le souhaite. Après plusieurs minutes tonne la petite voix d’Angeline de Rougemont

- Cela ne peut être ! Je parlerais à mon père, en homme d’honneur, il le laissera pas faire telle ignominie

            Fabrice retient le sourire qui lui revient. Le Comte de Rougemont est moins un homme d’honneur qu’un père fou de sa jeune et jolie fille… Mais qu’importe ses raisons. D’autant que plusieurs jeunes nobles ont rejoint les propos d’Angeline. Son but atteint, ne lui reste plus qu’a profiter de la soirée. D’un coup d’œil, il repère une jolie étudiante en lettres…