Introduction
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Ils amenèrent le seigneur de Malahide qui se débattait entre deux hommes d’armes, solidement agrippés aux bras de leur captif. Ils se frayèrent un chemin parmi les monceaux de cadavres et traversèrent la grande salle des honneurs jusqu’au large fauteuil surmonté de l’écusson de Montaigne, ou le vainqueur était assis. Plusieurs fois ils faillirent glisser sur le sang répandu sur les dalles et lorsqu’ils s’arrêtèrent devant le haut personnage en armure légère qui les fixaient d’un œil sardonique, le seigneur de Malahide haletait d’une voix rauque de rage ou de désespoir.

Guillaume Savary considérait avec une joie non dissimulée, le captif qu’on amenait devant lui. Un large sourire fendait sa courte barbe, il paraissait à la fois magnifique et cruel à rester si  calme, tandis que le prisonnier, malgré son état dramatique, continuait à se débattre entre les hommes d’armes insensibles.

Edwin O’Aran, seigneur de Malahide était pris. Les larmes coulèrent de ses beaux yeux verts devant l’atroce souvenir du combat qu’ils avaient livrés, lui et sa famille contre les Montaginois. Une lourde odeur de sang et de poudre flottait dans l’air, mêlée à celle de l’acier des épées. Devant ses yeux révulsés d’horreur, ils avaient tués jusqu’au dernier, ses serviteurs, ses hommes d’armes, ils avaient torturés à mort son vieux barde et achevés sans aucuns scrupules les deux enfants de sa belle-sœur, brûlants de fièvre.

Tous morts.

Edwin O’Aran ne pouvait rien faire, blessé et emprisonné ainsi, il ne pouvait que songer au jour ou si l’infini le permettait, il enfoncerait sa dague dans le cœur du Montaginois pour en faire couler le poison putride qui l’avait poussé à faire couler tant de sang.

Malahide était pris, lui et sa famille à la merci de ces chiens, mais il savait au plus profond de son cœur qu’un jour viendrait ou sa terrible vengeance pourrait enfin éclater…

Cette histoire était bien loin d’être terminée.

*        *        *

Guillaume Savary attendait la venu d’un autre prisonnier, songeur, se demandant encore s’il devait tuer O’Aran ou non. Cet homme meurtris lui avait fait peur. Malgré les atrocités que lui et ses hommes lui avaient fait subir, il gardait toujours au fond de ses satanés yeux verts, cette flamme rebelle qui ne semblait craindre personne. Ce Démon d’Inish aux cheveux noirs, n’avaient pas peur de lui et il semblait à Guillaume qu’il attendait simplement le temps de sa vengeance, une vengeance qui n’aurait rien à envier aux flammes de Légion.

Ce fut l’arrivée de deux gardes qui le tira de ses sombres visions. Ils lui amenaient un nouveau captif, couvert de cuir noir et d’acier et dont le heaume sanglant était encore trop fièrement placé sur sa tête.

«  Enlevés lui cette maudite armure » Hurla-t-il aux gardes de sa voix grave.

«  Nous verrons quelle tête à la gaillard qui nous a livré un tel combat. Toi, ôte lui son heaume ! »

Mais il fallut qu’un troisième garde intervienne car le prisonnier se débattait trop violemment pour que l’un ou l’autre des gardes puisse le lâcher.

Sous le coup de la surprise, les yeux de Guillaume Savary s’arrondirent, et il murmura une sorte de faible juron. Entre ses gardes, la jeune femme lui jetait une regard furieux, sa longue chevelure rousse en désordre, ses fabuleux yeux verts embrasés de colère.

«  Dieu te maudisse, Dieu t’anéantisse, ignoble assassin ! »

Dit-elle de sa voix claire mais il ne l’entendit qu’à peine, il ne pouvait détacher son regard d’elle, comme la plupart des hommes lorsqu’ils posaient les yeux pour la première fois sur la dame de Malahide. Elle était grande pour une femme, aussi féroce et sauvage qu’un homme pouvait l’être dans la fureur du combat. Sa défaite lui brisait cruellement le cœur tandis qu’elle crachait des malédictions à l’homme de haute stature qui les avaient vaincus.

«  Ne la regardez pas votre grâce, cette sorcière vous lancera le mauvais œil ! » Déclara méchamment l’un des hommes d’arme. L’hébétement de Guillaume se fondit alors en un lent sourire, une petite lueur s’alluma dans ses yeux lorsqu’il parcourut les formes délicieuses de sa prisonnière, le sourire s’élargit et soudain il éclatât de rire.

Fiona O’Aran était d’une incroyable beauté, ses longs cheveux roux magnifiquement bouclés, encadraient une visage fin et altier d’une rare perfection, mais le plus surprenant était encore ses yeux, d’un vert étincelant, magique, comme un soleil d’outre-monde.

Guillaume se leva et fis trois pas jusqu’à caresser la nuque de la jeune femme qui à son contact se débattit de plus belle…

«  Tout doux, « lady O’Aran »… Voyons ce que vous proposez en échange de la vie des membres de votre famille.  Votre époux n’a pas daigné accordé d’attention à mon soucis de vous épargner, mais vous… vous, je suis sûr que vous saisirez pleinement  l’occasion d’apaiser ma soif de conquête… n’est ce pas ? »

«  Misérable fils de catin, je te tuerais «  Cria-t-elle, des sanglots dans la voix.

Guillaume se planta devant elle et déclara, un sourire aux lèvres.

«  Allons donc, de si vilains mots dans la bouche d’une dame alors que je ne cherche qu’à adoucir votre peine… vous êtes bien ingrate, madame. »

Il fit signe aux gardes de s’en aller, ces derniers, après un dernier regard chargé de mépris à la prisonnière, s’en allèrent, les laissant seuls dans la grande salle. Fiona enfin libre, se rua sur l’ennemi, prête en en découdre d’une manière ou d ‘une autre, sans difficulté il la saisit dans ses bras et l’immobilisa à la gorge.

«  Madame, ne soyez pas si virulente à mon égard, vous savez très bien que d’autres pourraient en souffrir, vous avez trois fils m’a-t-on dit, n’est ce pas ? »

La jeune femme se figea et un épouvantable frisson lui traversa le corps, comme une flèche d’argent liquide. Ses enfants étaient tout sa vie, il ne devait pas y toucher, jamais ! !

Elle ravala ses sanglots et sa peine immense pour murmurer tout bas.

«  Je ne voix pas ce qui peu vous rester à prendre, vous avez déjà tout pillé ! ! « .

Il sourit et poursuivit d’une voix tout à fait équivoque.

«  C’est que vous me connaissez encore mal, ma chère, il se trouve que j’oublierais beaucoup pour les faveurs d’une femme… telle que vous » Mais, puisque je suis un gentilhomme,  le choix est votre. »

Elle ferma les yeux un instant devant l’étendu de ce qu’il exigeait d’elle et lorsqu’elle croisa à nouveau son regard, c’était pour lui dire ces quelques mots.

«  Ce que vous me demandez est la plus grande des infâmis mais je n’ai pas le choix, sachez seulement que désormais votre vie ne vous appartient plus et que ceux qui la tiennent entre leurs mains sont les plus cruels et les plus dangereux que vous ne pourrez trouver sur cette terre. Je vous plains beaucoup. »

Soudain mal à l’aide devant cette étrange déclaration, Guillaume afficha pourtant un nouveau sourire.

«  Vos fables sont insignifiantes,  madame, je n’accorderais aucune foi à ces divagations païennes, sachez le. Mais puisque selon vous  je dois être maudit, autant y aller franchement… »

Sur ces entrefaites, ils disparurent derrière la grande porte.

*        *        *

La porte de chêne cloutée de fer semblait se moquer des visages blêmes qui ne la quittait pas du regard. C’était une petite cellule de pierre dans les souterrains du château, des pierres suintantes dans une obscurité malsaine qui n’avait jamais connue la lumière du jour.

Aux travers de ces épaisses ténèbres, des voix d’enfants murmuraient…

«  Nous devons la protéger », « oui, elle restera avec nous  quoi qu’il arrive ».

Au fin fond du château de Malahide, après que les bruits de la bataille eurent cessés, dans des lieux oubliés qui ne servaient plus depuis des siècles, on avait enfermés avec les rats, tous les garçons de moins de 13 ans. Tous étaient de très noble lignage, héritiers de grandes familles d’Inishmore, tous de très courageux enfants, fiers et preux qui avaient défendus le château avec presque autant d’ardeur que leurs aînés… Mais voilà, à quoi peu servir la vaillance lorsqu’on est enfermé à 20 pieds sous terre et que des murs de pierre vous sépare des combats. Vingt et un jeunes garçons dont faisaient parts, croyaient-ils les « trois » fils de Lord O’Aran.

Face à la porte, les poings serrés contre le bois bardés de fer, un esprit fougueux pleurait intérieurement les drames des jours passés, songeant avec une précision terrible aux affreuses tortures que les Montaginois avaient utilisés pour faire parler les défenseurs, pour faire avouer son père… Il en avait la gorge nouée car il avait ressentit comme s’il eut s’agit de lui, tous les coups de fouet. Tant d’horreur, tant de mal.

Il brandit avec force son poing et se prépara à l’écraser contre la porte, quand une main ferme lui saisie le poignet en plein mouvement. Une voix calme mais néanmoins glaciale s’éleva des ténèbres derrière lui.

«  Ca ne sert à rien mon frère, viens, elle se réveille ».

Le jeune garçon lâcha un sanglot et serrant les dents une dernière fois, il parvint à déclarer à son grand-frère.

«  Je viens ».

Shane se dirigeât vers le bruit que faisaient les autres captifs en maudissant le sang de Montaigne,  mais il calme ses nerfs, celle qui se réveillait n’avait pas besoin de le voir dans cet état, ô un lourd problème allait se poser pour eux.