Le Geolier
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Elle était sur un bateau, un énorme voilier tout entièrement blanc, perchée en haut du grand mat. Autour d’elle, des dizaines de créatures transparentes tournoyaient dans les vents. Le soleil brillait haut dans le ciel d’un bleu intense. Si elle regardait sur le pont, elle pouvait voir ses frères, Sheridan le ténébreux et Shane, l’adorable jeune capitaine. Il y avait tout l’équipage, ses cousins, ses amis, ils étaient tous là, à la regarder en souriant. Elle leur fit signe de la main, riant aux éclats, jamais elle ne s’était sentie aussi heureuse, aussi détendue. Rien ne pouvait la toucher en haut de son grand mat, de plus, les anges transparents étaient là pour elle, pour veiller à sa vie. Elle était imprenable, personne au monde ne pouvait l’atteindre et elle pouvait voir ce qui se passait partout sur Théa.

Elle voyait des mariages, des anniversaires et de nombreuses fêtes joyeuses, des enfants jouaient dans d’immenses jardins remplis de merveilles. A perte de vue les gens s’amusaient et vivaient heureux, libres, sans guerres, sans meurtres, des gens qui riaient au soleil.

Il y avait une lumière devant elle, juste devant. Une lumière qui aurait dû être aveuglante mais qui était au contraire, merveilleusement douce et rassurante. Elle était si proche, un pas, un seul pas et elle baignerait complètement dans cette clarté, dans cette paix. Enfin, elle allait pouvoir se reposer puisque tout allait bien autour d’elle. Soudainement, un vent glacé la fit frissonner, la lumière vacilla, la lumière trembla et finit par disparaître, laissant à sa place, le vide, le néant. Elle ne voyait plus rien autour d’elle, plus de grand bateau, plus d’anges transparents ni de ciel bleu.

Elle se défendit, cria à l’aide mais aucun son ne sortait de sa bouche, elle chercha à s’échapper, mais comment faire, le monde avait disparut. Des larmes lui vinrent mais avait-elle seulement encore un corps ? Un immense froid l’envahit, figeant sa voix, figeant sa vie, elle était perdue. Au même instant ou ces pensées lui traversait l’esprit, un douce chaleur l’entoura. Petit à petit, elle reprenait pied, une formidable onde d’affection la submergea, comme la caresse des doigts d’un barde sur les cordes sensibles de son âme… Qui avait bien pu la prendre sous sa protection, qui avait bien pu faire fuir le néant… Ce qui était sur c’est qu’à présent, elle était sauvée et que quelque chose d’infiniment rassurant ne la quittait plus.

 

 

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Lorsque Shannon ouvrit les yeux, elle remarqua immédiatement qu’elle n’était pas seule. La faible lueur d’une chandelle ou d’une lampe à huile, lui laissait entrevoir deux personnes à sa droite. Elle remua faiblement dans l’espoir de mieux appréhender leur visages, mais elle se sentait tellement faible que ce fut des plus pénible. Lorsqu’elle y parvint, ses yeux s’écarquillèrent quand elle reconnut l’homme aux yeux gris qui n’était d’ailleurs pas seul, il y avait aussi une vieille femme, à l’étrange accoutrement coloré qui lui souriait avec bienveillance. L’homme aux yeux gris était penché vers elle, un léger sourire aux lèvres et il lui tenait doucement la main. Son regard, d’une étrange beauté, reflétait un mélange de tranquille assurance mais aussi de soulagement. Elle referma un instant ses paupières, afin de rassembler ses esprits mais aussi pour trouver quelque chose à dire.

Il lui épargna cette peine. Remerciant la vieille femme d’un geste et d’un sourire, il revint à elle alors que la porte se refermait.

«  Madame, combien vos magnifiques yeux verts m’ont manqués durant tous ces jours…, je suis infiniment heureux de vous voir réveillée ».

La jeune femme fronça les sourcils, interdite. Ces paroles n’étaient pas celle d’un ennemi, on disait ce genre de choses aux gens pour qui l’on compte. Jamais elle ne se serait attendue à être traiter ainsi, y avait-il matière à s’en inquiéter ? L’avait-il soigné pour mieux la tromper ? Voulait-il…

«  Allons, dites moi quelque chose, vous sentez-vous mieux ? »

Bien, songea-t-elle, elle se sentait très bien. Sa blessure à l’épaule ne lui accordait plus ces atroces élancements, elle était reposée, ses membres étaient quelque peu engourdis mais elle jugea cela normale après des heures passée au lit. Par contre, elle mourait littéralement de faim et avait une furieuse envie de prendre un bain. Elle croisa le regard de son hôte et considérant tous ces éléments, elle mis sa fierté de coté et déclara…

«  Depuis combien de temps suis-je ici ? »

L’homme aux yeux gris, eut un regard grave et finit par déclarer.

«  Environs 3 semaines, madame »

A ces mots, elle bondit dans son lit, les yeux affolés.

«  Comment ? ! ! ! ! Mais c’est impossible, c’est faux ! Je n’ai pas pu passer tout ce temps ici ! ! ! ! »

Il lui prit l’autre main et acquiesça pourtant.

«  Je vous assure que si, ma chère amie. Laissez moi vous apprendre que vous étiez à l’article de la mort et qu’une mauvaise fièvre ne voulait pas vous quitter. Une fois que vos plaies eurent été recousues, vous avez passée plusieurs nuits à délirer et nous avons eut très peur de vous perdre… Vous êtes si jolie. »

Elle n’en revenait pas, était-ce si grave ? Elle murmura avec un sanglot dans la voix…

«  Je… ce n’est pas possible, lorsque je me suis enfui de l’auberge, je… »

Il poursuivit.

«  C’était il y a 21 jours, votre petite escapade a faillit vous coûter la vie, vous avez perdue beaucoup de sang et les blessures se sont rouvertes. Mais tout cela est ma faute, j’aurais dû rester à vos cotés afin de vous expliquer ce qui s’est passé, quoi qu’il en soit, vous allez mieux n’est ce pas ? Vous m’avez fait très peur. »

Elle ne parvenait pas à y croire.

«  Vous mentez… ! »

«  Ah et pourquoi vous mentirais-je ? » Demanda-t-il.

«  Parce que vous êtes un sale Montaginois ! »

Il rit un peu et elle remarqua que ses yeux suivaient le mouvement de ses lèvres d’une manière délicieuse, il respirait la bonne humeur.

«  Vous venez d’Inishmore n’est ce pas ? »

Elle sursauta.

«  Pourquoi dites vous cela ? »

«  Allons madame, vous avez un accent à couper au couteau. J’ai reconnue cet accent car un de mes amis vient de la même île que vous, voilà tout. »

Soupçonneuse, elle déclara…

«  Et depuis quand les Montaginois ont-ils des amis Avaloniens ? ! » Accusa-t-elle .

Il sourit une nouvelle fois et dit.

«  Mais je ne suis pas Montaginois, croyez-vous vraiment que j’en ai l’air ? »

Il se leva et fit un tour sur lui-même, faisant bruisser les pans de son long manteau blanc. Elle remarqua qu’il était vraiment très grand et qu’il était vêtu avec goût, d’un accoutrement qu’elle n’avait jamais vu ailleurs. Il avait coupé ses cheveux jusqu’aux oreilles en un fin dégradé et il portait au menton une sorte de petite barbiche qui ajoutait de la finesse à son visage au teint halé. Il était vraiment très séduisant.

« Et qui pouvez-vous bien être dans ce cas ? »

Il revint s’asseoir dans le fauteuil à ses cotés et murmura.

«  Oh mais je vais vous le dire madame, autour d’un bon dîner si vous vous en sentez l’envie et surtout le courage. »

A ses mots, elle répliqua d’une voix chargée de précipitation.

«  Non, non, je dois… je dois partir ! ! Je ne peux pas rester ici ! ! »

D’un geste apaisant, il la remis en place sous les couvertures et déclara à son tour.

«  C’est hors de question pour le moment, vous allez rester ici, bien sagement. Je ne sais pas trop ce que vous croyez que je vais faire de vous mais vous n’avez rien à craindre, vous êtes placée sous ma protection. »

Aux yeux de Shannon, cela s’annonçait mal. Cet homme devait vouloir quelque chose qu’elle possédait pour être aussi prévenant, elle déclara sans détours.

«  Je ne sais pas ce que vous voulez de moi, monsieur, je ne sais pas ce que je possède qui vous intéresse tant que ca, mais sachez bien qu’il est hors de question que vous ne vous l’appropriez ! »

Il éclatât franchement de rire. Vexée, elle cria.

«  Je veux m’en aller ! »

Il dit non, prétextant qu’elle n’était pas suffisamment remise pour entreprendre le long voyage. Sa gorge se noua et elle rétorqua qu’il fallait absolument qu’elle retrouve ses compagnons.

«  Mais je dois partir ! ! Si la seule raison de ma présence ici est de vous divertir, je ne veux pas rester une minute de plus ! ! »

Cette fois, elle bondit hors du lit, les yeux luisants comme des émeraudes.

«  Vous allez vous faire mal ». Dit-il sans bouger de son fauteuil. «  La porte est fermée à clé et il y a des barreaux aux fenêtres. Calmez-vous, nous avons a discuter ».

Le regard noir de colère, elle se figeât.

«  Ne comprenez vous pas que je dois aller me battre ! ! mes amis m’attendent et j’ai suffisamment perdue de temps comme ca ! ! »

Il dit.

«  Vous partirez quand le moment sera venu, pas avant. »

Elle en aurait hurler de frustration.

«  Mais… mais vous ne comprenez pas que des gens risquent leurs vies actuellement ! Puisque vous ne voulez pas me livrer à… à la justice, laissez moi partir ! »

«  Je vous répète que vous n’êtes pas en état. »

Elle l’aurait tué sur place.

«  Et d’après vous, je reste dans l’état de faire quoi ? ! ! »

Il sourit.

«  Puisque vous voulez tout savoir, vous êtes en état de prendre un bain ».

Elle accusa le coup, vexée.

«  Je vous ferais payer votre insolence ! »

Un superbe rire fusa.

«  Et c’est moi que l’on traite d’insolent ! Très bien, puisque vous ne voulez pas me croire, levez-vous et constatez par vous même. En ce qui me concerne, je suis catégorique, vos blessures sont la plus belle raison de rester tranquille. »

Elle repoussa les couvertures en criant !

«  Vous êtes un monstre ! ! »

«  Cessez de crier, s’il vous plaît, ca ne vous mènera à rien ! » Sans l’écouter, elle sortit hors du lit pour se retrouver toute chancelante. Elle fit quelques pas vers la porte, les poings serrés mais alors qu’elle arriva à mi-chemin, une forte douleur lui coupa le souffle. En un instant il fut auprès d’elle pour la reconduire, récalcitrante, vers la couche. Totalement anéantis par ce qu’elle découvrait, elle se laissa choir sur le lit, ressentant avec une intensité diabolique, les petites douleurs que lui avait occasionné son sursaut de protestation. Ses yeux se voilèrent de désespoir.