Abordage
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«  A l’abordage… ! ! ! ! ! » Cria Shane en bondissant sur le pont du vaisseau ennemi.

Avec des hurlements sauvages, les marins suivirent leur capitaine en parfaite harmonie. Le commandant Montaginois donna à ses hommes l’ordre de tirer une nouvelle fois sur le Celtik Queen mais il était trop tard, le combat s’était transformé en un corps à corps, ou les jeunes révoltés excellaient. Sheridan, un peu en retrait à cause de sa magie, scrutait les flots sans prêter attention au chaos qui l’entourait. Il eut un sourire, sa sœur allait faire un massacre.

La bataille faisait rage, les cris des mourants déchiraient la nuit. Le bruit encore plus assourdissant des cannons résonna loin ce soir-là mêlé au grondement de l’orage. Des rafales de vent soulevaient les eaux sombres de la mer d’écume et les vagues s’écrasaient contre les deux navires comme pour participer elles aussi à la bataille. Une brume grisâtre enveloppait les combattants, faite de poudre et de fumée, les vents courbaient les bateaux, rajoutant à la pagaille ! Un foyer s’était déclenché sur le bâtiment Montaginois dont les voiles blanches se consumaient vite, obligeant les hommes à se jeter à la mer en hurlant. Avec une souplesse animale, Shannon escalada la coque du « gloire de Martise » pour arriver jusque la dunette, elle pouvait entendre des bruits de panique dans la cabine de ce commandant Montaginois. Autour, on se battait sur tous les ponts, sur les bastingages, les gréements… le sang rendait les planches glissantes.

Elle, elle restait fixée aux vitrages attendant le moment propice pour entrer. Une chaloupe était accrochée à l’arrière du navire, juste derrière elle et elle s’étonna presque que les Montaginois ne l’ai pas déjà utilisée pour s’enfuir. Les bruits se turent, n’y tenant plus, elle s’élança.

La rapidité de l’attaque pris les officiers au dépourvus, elle s’était jeté à travers les verres colorés pour atterrir dans la cabine en un parfait roulé boulé. Elle lança deux dagues et ils ne furent bientôt plus que 5 contre elle. Elle attrapa le sabre d’un des deux morts et avec une promptitude surprenante, fendue le crâne d’un troisième homme. Elle s’avança, vers le groupe d’officiers supérieurs qui s’étaient retranchés dans un coin et déclara, les yeux lançant des éclairs.

«  Ta vie à assez durée, commandant ! prépare toi à mourir ! »

L’apostrophé tira son sabre à son tour en criant.

« Tu vas mourir, chienne ! ! »

Shannon passa à l’assaut, les deux combattants lutèrent avec rage mais elle maniait son arme avec une grande habileté, son talent surpassant de loin celui de son adversaire.

«  Ou est passé ta belle assurance, hein ? Me laisseras-tu te tuer sans m’accorder un combat digne de ce nom ? ! ! ! »

«  Garce ! ! ! » Cria l’homme, vert de rage. Il se fendit à fond en voulant porter une botte mortelle mais la jeune femme para le coup de justesse, puis rapide comme l’éclair, elle entama un tourbillon de coups qui finirent par désarmer le malheureux Montaginois. Il poussa un beuglement atroce et eut juste le temps d’apercevoir les yeux étincelants de le jeune femme avant que sa lame ne lui tranche la gorge d’un coup net et précis. Elle se retourna, prête à s’occuper des autres. L’un des officiers était occupé à bloquer la porte qui menait sur le pont car des bruits de pas se faisaient entendre, elle lança une nouvelle dague qui figeât l’homme dans un gargouillis de sang.

Il ne restait plus que le capitaine et son second. Ce dernier su rua sur Shannon l’épée levée, une dague dans la main gauche, son sabre dans la droite, elle l’attendait de pied ferme. Elle était quelque peu haletante mais bigrement fière d’elle, ses frères ne manqueront pas de la féliciter ! Le combat s’engageât. Le jeune Montaginois, n’ayant plus rien à perdre se battait comme un beau diable et elle avait de plus en plus de mal à contrer ses assauts, mais profitant d’un déséquilibre qui faillit les entraîner au sol tous les deux, elle planta sa dague dans le bras de son adversaire qui hurla de douleur. Les yeux exorbités, il n’avait plus rien d’humain, juste ce regard perdu qu’on ceux qui se trouvent proches de la mort et qui le savent. Il réussit tout de même à blesser la jeune femme à la cuisse, une longue lézarde rouge apparut sur ses chausses déchirés. Elle hurla un juron et à force de bottes mortelles, elle tua le jeune officier dans un souffle. Après tous ces efforts, la tête lui tourna un peu et elle reprit son souffle en s’appuyant quelques instants contre une poutre. Oh le bateau tanguait et il ne tarderait sûrement pas à couler. Il fallait faire vite.

Tout à coup, une monté d’adrénaline la fit frissonner. Et si dans sa hâte d’en découdre, elle avait tué le civil dans le feu de l’action ? Elle chercha des yeux les cadavres mais n’aperçut personne qui pouvait ressembler à la silhouette qu’elle avait entr’aperçue sur la dunette. Quand, dans le coin le plus sombre de la cabine, derrière un grand coffre de bois sombre, un regard croisa le siens. Elle jura sous le coup de la surprise, c’était lui. L’homme portait un bâillon blanc sur la bouche et était littéralement ligoté à sa chaise, pieds et poings liés. Elle s’attendait tout sauf à ca, pourquoi Diable l’avait-on attaché ? ! ! Etait-il dangereux ? Ses magnifiques yeux gris la fixait, il semblait lui aussi extrêmement surpris.

 Il était entièrement vêtu de noir et d’immenses cheveux bruns aussi luisant qu’une soierie s’échappaient de ses liens. Qu’était-il donc dans cette histoire ? ! !

Perdue dans ses pensés, elle ne remarqua pas assez vite la porte que venait d’ouvrir le commandant acculé, sur deux hommes d’arme venus à sa rescousse. Un coup de feu fendit l’air, les yeux dilatés par la douleur, la jeune femme hurla… Elle reçut la balle de plein fouet dans son épaule gauche.

Refusant l’évanouissement qui signifierait sa mort assurée, serrant les dents malgré l’atroce douleur, elle lâcha son sabre et tira sa dernière dagues, plus légère. Elle en lança une qui atteignit l’un des deux hommes d’armes en plein milieu du front, le second tenta de la toucher une autre fois mais le coup de feu fut mal orienté et la balle siffla au travers de la fenêtre. Elle en profita pour lancer son autre dague

Qui fit mouche une nouvelle fois. Le dernier, le commandant en personne, tentait désespérément de recharger l’un des pistolets, en tremblant. La jeune femme, au bord de l’évanouissement malgré ses efforts, réussit tout de même à saisir son sabre et d’un coup de pied bien placé, fit voler l’arme de son adversaire. «  Shane, Sheridan, au secoure !… » pria-t-elle silencieusement, se sentant à bout de force.

«  Que… que voulez-vous de plus ! ? ? ? » S’étrangla le Montaginois.

«  Ta vie, misérable assassin ! » Dit-elle déterminée.

L’homme tira son sabre à son tour et se prépara à attaquer.

«  N’y comptez pas, chienne d’Avalonienne ! ! » Dit-il en lui portant une redoutable botte. Les yeux de cette dernière luirent d’une étrange façon et elle s’élança à son tour.

«  Oui, je suis Avalonienne, pour ton malheur, misérable fils de catin !

«  Que cherchez-vous, pauvres fous » Déclara le commandant, » même si vous le libérez, nous seront toujours la pour en capturer d’autres ! ! ! La vermine de son espèce doit être anéantis ! ! »

Un instant la jeune femme ne compris pas un traître mot de ce que disait le commandant ennemi, sans se laisser décourager, elle frappa une nouvelle fois.

«  Et vous, quel avenir y-a-t-il pour vous ! ! Avalon est prise, vous n’avez aucune chance ! ! »

«  C’est faux ! ! «  Rugit-elle les larmes aux yeux… » Tant qu’il y aura des gens pour se battre, Avalon sera libre ! »

«  Toi, misérable chienne, tu veux libérer ta terre ? ! ! ! Pitoyable hérétique, je vais te tuer ! ! ! »

Alors, vive comme l’éclair, Shannon lâcha son arme et attrapa son adversaire à la gorge, une lueur sauvage, déraisonné et maligne éclairant ses yeux verts.

«  Je t’interdit de cracher ton venin, pauvre pantin ! Nous sommes des pirates par patriotisme, quelque chose qu’un esprit aussi médiocre que le tiens ne pourra jamais comprendre ! Tu veux me tuer ? Je ne te donnerais pas cet honneur ! Si je meurt ce sera pour défendre les miens et non pas en me battant avec un semblant de soldat tel que toi ! ! Prépare toi à quitter cette vie, chien ! »

Maladroitement, elle enfonça sa lama dans le cœur du Montaginois, un liquide chaud, visqueux, écœurant, gicla sur son visage. Elle hurla et s’écarta vivement du cadavre qui tomba lourdement sur le plancher incertain. Les battements de son cœur résonnèrent douloureusement dans sa tête, elle chancela, lâchant ses armes. Elle était littéralement couverte de sang, ses cheveux ruisselants autour d’elle comme munis d’une vie propre, son épaule saignait abondamment.

«  Non, je ne dois pas mourir »… Dit-elle tremblante de froid, avant de tomber à genoux parmi les cadavres. Son visage était pâle comme un rayon de lune, comme si la mort prenait déjà possession de son corps, elle tenta de se relever pour retrouver ses frères, les combats se poursuivaient sur les ponts, les hurlements des adversaires en attestait. Elle avait la nausée, l’odeur du sang était partout, jusqu’au plus profond de son âme. «  Au secoure……… » Cria-t-elle faiblement. Elle se mourait sans avoir pris part au véritable combat, sur la mer, loin, si loin de sa terre natale. Des larmes coulèrent de ses yeux fatigués, elle gémissait à genoux dans une marre de sang, la douleur que lui procurait sa blessure était épouvantable. «  A…a l’aide………… ». Tout s’écroulait autour d’elle, tout n’était plus que chaos, la vie la quittait par se sang répandu, ce sang vite absorbé par le planché de bois, avidement.

Alors qu’elle était résignée à se laisser emporter par la mort, elle entendit une voix, une voix qui semblait venir de derrière elle. Un frisson de mort lui fit plus encore perdre l’équilibre, ca y est, elle allait partir… Dans un ultime effort, elle parvint à se retourner et sursauta fiévreusement. L’inconnu

Aux longs cheveux noirs se tenait a genoux devant elle. Un instant, elle cru reconnaître Sheridan mais ce ne pouvait être lui, son frère ne la laisserait pas mourir sans rien faire. L’étranger la regardait précieusement , comme captivé par on ne sait quel spectacle. Il lui parlait d’une voix douce mais elle ne compris rien à ses paroles chantantes.

«  Mais qui êtes-vous…. Articula-t-elle faiblement.

Après un moment qui lui sembla une éternité, l’homme toujours aussi calmement lui dit cette fois dans sa langue. «  Un porte parole de l’infinis »

Shannon s’écroula sur le sol, son visage grave baignant dans une marre de sang. Elle ne vit pas l’homme se pencher vers elle et la regarder avec douceur, émerveillé par sa fragile beauté, elle ne le vit pas le prendre délicatement dans ses bras, comme si elle avait été la plus précieuse chose du monde, ni l’emmener dans la petite chaloupe derrière la dunette.

Elle lui avait demandé la vie, et il la lui a donné.

Lorsque Sheridan pénétra dans la cabine du commandant et trouva tous ces cadavres, il eut un horrible préssentiment. Une vision le fit chanceler, une vision ou sa sœur bien-aimée prenait une balle de plein fouet avant de s’écrouler dans une marre de sang. Shane qui arrivait derrière lui le soutint de justesse.

«  Sheridan ! ! Qu’as-tu ? ? ! ! ! ! »

«  C’est Shannon, elle est blessée ! » murmura-t-il atterré.

Effectivement, le capitaine trouva au sol, le foulard que Shannon aimait a nouer dans ses cheveux, ainsi que ses dagues mêlées au sang des morts, la terreur qu’il ressentit alors était indescriptible.

« Capitaine, Capitaine, la chaloupe a disparue ! ! ! »

Disparue… sa sœur avait disparue… Pour la première fois de sa vie, Sheridan maudit ses dons.