Conseil de Guerre
Remonter Introduction Le Celtik Queen Conseil de Guerre Abordage Prisonnière Le Geolier

 

De son coté, le vaisseau Montaginois, pas si faiblement armé que ca, commençait sérieusement à s’inquiéter. Dans le quartier des officiers, six personnes tentaient de rétablir la situation. Des cartes et des instruments jonchaient la grande table, l’ambiance était sinistre et la panique s’annonçait doucement.

-«  Monsieur, ces pirates vont nous attaquer d’un instant à l’autre, nous sommes bien trop proches ! »

«  Que Dieu les maudisse, nous n‘avons que des problèmes depuis que nous avons quittés ce maudit pays ! Antoine, les canonniers sont-ils prêts ? »

«  Oui monsieur, mais il y a un comme un prob… »

«  Je sais ! ». Dit le commandant en frappant la table du poing. «  Il ne faut pas qu’il y ait bataille, nous perdrions, à n’en pas douter ! ».

«  Mais monsieur, leur vaisseau n’est qu’à… »

Le commandant, ivre de rage, déclara.

«  Maupertuis, Beaufort, veuillez dire aux hommes de hisser la grand voile, il nous faut fuir, messieurs, de toute urgence ! »

Un jeune officier indigné déclara alors.

«  Sauf votre respect, monsieur, je ne suis pas de votre avis, jamais un navire de sa majesté n’a fuit devant une petite goélette comme celle-ci ! ! ! »

«  JE ME MOQUE EPERDUEMENT DE VOTRE AVIS MONSIEUR ! ! ! La mission qui nous a été confiée, qui « m’a » été confiée doit être accomplie coûte que coûte ! ! Votre honneur s’en remettra et dorénavant, veuillez ne plus lever le ton devant moi ! Me suis-je bien fait comprendre ? ! ! »

Rouge de honte et crispé à bloque, le jeune officié acquiesça.

«  Très bien monsieur. »

Les ordres furent transmis et peu de temps après, «  la gloire de Martise » gagna en vitesse. Une tension presque insupportable flottait dans l’air, tout le monde était nerveux, le commandant qui faisait les cent pas, passa un mouchoir sur son front perlé de sueur. S’il ne ramenait pas ce prisonnier en lieu sur, cela risquait d’être une véritable catastrophe, le sacrifice de plusieurs années de recherches, sans parler de la fureur de l’empereur ! Depuis le temps que la société le recherchait ! »

 

 

*        *        *

 

Les hommes de Shane, la rage au ventre avaient les yeux brillants en songeant à ce qui allait se passer d’ici peu. Le vaisseau Montaginois avait hissé la grand voile mais le Celtik Queen qui suivait des courants porteurs et qui était taillé pour la course, ne mit pas longtemps à le rattraper. Le capitaine, sa longue vue à la main, avait un sourire confiant, il tenait sa vengeance.

 

«  Brendan ? Ou es Shane ? »

Le jeune homme chargeait ses pistolets et jurait contre les Montaginois. Distraitement, il lança un coup d’œil dans la direction de son interlocutrice.

«  Shannon mais qu’est ce que tu fais là ? ! Va te cacher, ca va pas tarder ! »

Mais qu’avaient-ils tous à la fin, pensa la jeune femme, à bout.

«  Je te demande ou est Shane ! ! »

«  Sur le pont ou dans sa cabine.  Fais ce que je te dis, Shannon, ne reste pas là ! »

Elle le remercia d’un grommellement, puis fit demi tour. Brendan, les sourcils froncés, lui attrapa le bras avant qu’elle n’ai pu s’éloigner.

«  Une minute, ma belle, ou crois-tu aller ? »

«  Lâche moi, Brend, j’ai à lui parler ! »

Septique, le jeune homme déclara sans pour autant la relâcher.

«  Je doute vraiment que Shane ne t’ai autorisé à sortir de ta cabine, je vais d’ailleurs t’y reconduire puisqu’il semblerait que tu es perdu ton chemin. »

Elle se débâti de plus belle.

«  Lâche moi à la fin ! Je me moque de son autorisation, je peux très bien me passer de ses ordres !

Brendan fut un court instant, bouche- bée par l’insolence de ces quelques mots.

«  Alors là, ma p’tite, la coupe est pleine ! On ne désobéie pas à son capitaine !

«  Mais c’est mon frère ! ! »

Elle se retrouva pourtant sur l’épaule de Brendan, le souffle coupé. Ils regagnaient la cabine.

«  Non Brend, je ne veux pas ! ! ! »

C’était vraiment une brute ce Brendan, pire, un, mur de brique. Décidément il faisait bien partie de la famille. Jamais elle n‘avait vue des hommes aussi forts que chez les O’Aran, Brendan lui , en était un, ca ne faisait aucun doute. Du même âge que Sheridan, il était lui aussi très séduisant sans toutefois égaler l’incomparable beauté de « son » grand-frère.

«  Brendan, tu vas me le payer ! ! Et il faut…AIE… ! Il faut que je…AIIIIE… ! ! ! fait attention ! Je dois parler à Shane ! »

Impassible, le jeune homme répondit.

«  Dans ce cas, c’est lui qui viendra te voir, ou Sheridan. Il est toutefois hors de question que tu risque ta vie en sortant d’ici ! »

«  Mais c’est pas croyable ca, vous vous êtes tous donnés le mot ou quoi ! JE NE SUIS PAS UNE DEBUTANTE ! ! ! »

«  Je sais ». Concéda-t-il. » Mais ca ne changera rien. Ne t’affole pas ainsi dès qu’un navire Montaginois pointe le bout de son nez. Je me demande dans quel état tu seras si nous allons en Montaigne un jour ! »

Une fois parvenus dans la cabine du capitaine, qui n’y était pas, il l’a posa sur le lit et s’en retrourna vers la porte, impassible. Elle était furieuse.

«  Je veux participer, Brendan ! Vos allusions dégoûtantes au fait que je sois une femme ne changeront rien à ma décision, sache bien que… »

«  Mmhhh mmhhh. Je vais chercher Shane. » Dit-il en refermant la porte derrière lui. Elle était folle de rage. Qu’avait-elle fait au ciel pour se retrouver avec des cousins aussi protecteurs ! Elle gratifia la porte d’un violant coup de poing. Quelques instants plus tard, des pas se firent entendre dans le couloir, trois personnes. Quand la porte s’ouvrit, elle était à faire les cents pas en maugréant. Shane, Brendan et… aie, Sheridan O’Aran lui faisaient front. Elle leur lança un regard glacial.

«  Bien, qu’y a-t-il Shannon ? » Déclara Shane, trop calme.

«  Vous le savez fort bien ! »

«  Hors de question. » Dirent-ils tous les trois en même temps.

« Mais allez-vous seulement me laisser agir un seul jour à ma guise ! Il me semble que j’ai passé l’âge ! »

«  Qu’en penses-tu Shane ? » Demanda Sheridan

«  Nous en reparlerons ». Déclara ce dernier.

«  Tout à fait d’accord » Renchérit-il.

Elle n’en pouvait croire ses oreilles.

«  Shannon, calme toi, ca sera vite finit. » Dit Brendan.

«  Oui, à ce propos Shannon, qu’avais-tu à me dire de si urgent ? » Questionna Shane.

«  Je…je… »

«  Eh bien, nous t’écoutons ». Murmura Sheridan qui ne cachait pas son amusement.

«  Je… »

«  Shannon, ne nous fait pas perdre notre temps, nous avons une bataille sur les bras. »

Oh elle voyait clair dans leur petit jeu, ils voulaient l’intimider pour l’empêcher d’agir. Il fallait qu’elle trouve le moyen de gagner le pont.

«  Jamais je ne vous laisserais me dicter ma conduite, vous entendez, espèce de corbeaux malfaisants ! je ne veux pas rester ici, c’est franchement dépriment ! »

Elle déclara ces derniers mots d’une petite voix mourante, tout en s’asseyant sur le lit. Shane detestait la voir avec cette petite mine, diable, qu’elle arrête ! Elle lança un regard suppliant à Sheridan.

«  Sheridan, s’il te plaît, toi qui semble être le plus intelligent des trois, tu veux bien leur expliquer ! ? »

Ce dernier sourit doucement et répondit :

«  Il s’agit de toi, ma chère sœur, défends toi-même tes intérêts. Je suis certain que tu peux y arriver. Reste à voir si nous céderons. »

«  Sheridan, tu ne peux pas me faire ca ! «  Dit-elle horrifiée.

«  Si, car je te connais trop bien, mademoiselle O’Aran. »

Il fallait qu’elle trouve comment le duper, de toute urgence. Une fois sur le pont, elle serait libre.

Elle commença par se taire quelques instants, la tête basse, ses longs cheveux de feu, ruisselant sur ses épaules. Shane était au supplice, elle savait trop bien comment le troubler.

«  Je vous en prie ! ! Laissez moi jeter un coup d’œil sur le pont, je ne demande pas grand chose, vous n’aurez qu’à me tenir par les bras, si vous voulez, mais je veux voir ou les choses en sont !… »

Elle fit mine de se diriger vers la malheureuse petite lucarne de la cabine.

«  On n’y voit rien ici… »

Elle plongeat alors vers la mince ouverture, comme pour tenter de passer au travers. Les trois jeunes hommes sursautèrent et su ruèrent vers elle pour l’empêcher de tomber. Son plan était en route. Grâce à une incroyable agilité, elle parvint à les éviter et se retrouva très vite derrière eux, en route vers le pont. Les hommes qui se trouvaient devant l’escalier qui montait vers la cabine du capitaine furent projetés contre le sol après vu une forme noire foncer vers le grand mat. A peine trois secondes plus tard, Shane, Sheridan et Brendan surgirent de la cabine, en jurant et en maudissant les femmes et leur caractère de vipères ! 

«  SHANNON ! ! ! !  OU est-elle ? Toi ! ? »

«  Heu, capitaine, elle n’ai pas là… »

Sheridan qui malgré sans grande maîtrise de soit ne pu ravaler une colère cosmique, déclara à contre cœur. «  Sur le grand mat, a n’en pas douter ! »

Une silhouette était effectivement en haut du mat et les fixait, arrogante… Croyaient-ils vraiment pouvoir la garder prisonnière ? Sheridan pensif, déclara à ses compères.

«  Je crois bien que nous avons perdus messieurs. Cette jeune personne est plus vive qu’un anguille. »

«  Qu’allons nous faire ? » Dit Brendan.

«  Elle va l’regreter ! «  Rugit Shane.

«  Pour cela, encore faudrait-il l’avoir sous la main, à tout moment elle peut plonger et disparaître. »

Le capitaine sursauta à cette supposition.

«  Sheridan, je te prie de m’épargner ce genre de remarque, j’ai les cheveux qui se hérissent ! »

«  En attendant, elle est là-haut et si l’un d ‘entre nous tente quoi que ce soit, elle plongera… »

Sheridan se concentra sur le vaisseau ennemi, ils étaient dangereusement proches et bientôt, la bataille ferait rage.

«  Bon laissez moi négocier ». Déclara-t-il.

Les deux autres obéirent, Shane savait par expérience que ce grand frère était diablement rusé. Sheridan monta d’abord sur l’estrade, leva la tête et déclara…

«  C’est bon Shannon, tu as la permission de te battre ! Nous nous inclinons devant ton génie. Shane, Brendan et moi avons tirés la conclusion qui si nous ne parvenions pas à t’attraper, de vulgaires « montaginois » n’y parviendraient. Tu peux descendre, je te jure que nous te laisserons faire ! »

Un silence martial ponctua la tirade de Sheridan. Tous les regards inoccupés étaient fixés sur la vigie. Shannon, de son coté trouvait vraiment que cet abandon sonnait faux. Surtout venant de la part de Sheridan. Son grand frère était l’individu le plus retors qu’elle ne connaisse, après elle-même, bien entendue.  Elle ne pouvait pas, comme avec Shane, jouer avec ses faiblesses. Donc, le fait de le voir lui faire une concession ne faisait qu’augmenter ses doutes.

«  Tu mens Sheridan ! Si tu essayes juste de me faire descendre, n’y compte pas ! »

«  Mais non, Shannon, je te jure que nous te laisserons te débattre, heu…te battre ! Après tout tu en a tout à fait le droit, malgré ce que peu penser Shane ! »

«  Très juste, mais c’est à moi, et à moi seule de décider quand je vais descendre de ce mat ! »

Si elle avait eut Sheridan devant elle, elle aurait pu remarquer sa fine cicatrice tiquer et ses magnifiques yeux verts luire de façon inquiétante. Shane, mort d’inquiétude dit à son frère.

«  OH NON ! ! Elle va le faire ! Ecoute Sheridan, n’y allons pas par quatre chemins, il faut l’en empêcher à tout prix ! ! ! »

Et avant que Sheridan n’ai pu l’en empêcher, le jeune capitaine hurla à Shannon.

«  SHANE NON ! »

Trop tard…

«  SHANNON ! C’est Shane ! ! ! Surtout ne saute pas, c’est beaucoup trop dangereux ! ! ! ! !

Avait-il perdu l’esprit, songeât la jeune femme. C’était bien trop dangereux en effet, jugea-t-elle en regardant d’un air peu convaincu, le froid océan.

«  Quoi ? Mais tu es fou Shane ! Je ne vais pas sauter ! »

Elle jeta un dernier coup d’œil mais cette fois, curieusement, cela ne paraissait plus si haut, elle pourrait effectivement, dans une situation désespérée, sauter. Mais après tout… n’était-ce pas précisément une telle situation ? Elle eut un sourire jusqu’aux oreilles.

« Mais après tout, pourquoi pas ? ! C’est là, une excellent idée, mon frère, ainsi j’éviterais un séjour dans la cabine et je serais la première à me battre. Je suis une bonne nageuse et une fois sur le bateau ennemi, je ferais un beau massacre ! »

Sheridan lança un regard noir à Shane qui était presque désemparé.

«  Shannon, c’est de la folie, tu vas te noyer ! ! ! »

Un beau rire fusa.

«  Moi, me noyer, non vraiment, ce n’est pas dans mes projets ! Laissez moi vous expliquer mon plan.  J’ai eu le temps d’entr’apercevoir un civil à bord du bateau, un homme je crois. C’est rare ce genre de chose, et il doit s’agir de quelqu’un d’important. Si nous le faisions prisonnier, je suis persuadée que cela nous serait plus qu’utile. »

Shane était bouche-bée, Sheridan s’écria. :

«  Allons ne dis pas de sottises ! Nous ne ferons aucuns prisonniers, toi la première. » Shannon, pour l’amour de moi, descends ! nous nous inquiétons beaucoup pour toi ! »

«  Pas question ! Si j’ai le malheur d’être à ta merci mon frère, tu me feras regretter d’être jamais née ! »

Durant l’échange, Brendan qui avait escaladé le petit mat, était presque parvenus au niveau de la vigie.

«  Shannon, ne dis pas n’importe quoi, je ne te ferais rien ! ! c’est ridicule, nous n’allons pas passer la journée à t’entendre hurler à tout vent combien tu es rusée ! Descends ! »

Brendan sauta sur la vigie, prenant la jeune femme de court. Elle eut jsute le temps de s’accrocher aux cordages…

«  Brend, n’approche pas ou je saute ! ! ! »

«  Shannon ! ! ca suffit, tu t’ai suffisamment donnée en spectacle à l’équipage et c’est vraiment pas le moment ! »

«  Et alors, Brend, ils en ont vus d’autre non ? ! »

«  Allons, viens, je t’assure que tes frères ne te toucheront pas ! »

«  Ah ! ! Laisse moi rire, dès que j’aurais posée un « orteil » sur le pont, ces deux brutes épaisses me ligoteront et m’enfermeront dans la cale ! Très peu pour moi ! »

«  Mais Shannon, pourquoi t’obstiner ainsi ! ! ! »

Le Celtik Queen attaqua une vague, sa proue se leva vers le ciel comme pour en mordre un morceau. Shannon jeta un coup d’œil en bas et constatât que ses frères n’étaient plus là. Cela voulait dire qu’elle allait regretter leur prochain face à face. Elle en frissonna. Sheridan la terrifiait parfois. Grand, avec les cheveux aile de corbeau de leur père, il était connu pour son regard perçant qui clouait sur place ses interlocuteurs. Le vent du nord fouettait les cheveux châtains de Shane. Son regard émeraude était sans doute froid alors qu’il appréhendait la tempête qui allait se déchaîner. Comme il avait changé, à présent, les lignes de son beau visage, trahissaient une grande maturité et une impressionnante confiance en lui. Le jeune garçon désespéré et amer qui avait quitté l’Inishmore 10 ans auparavant, n’existait plus. Désormais c’était lui qui commandait le Celtik Queen, de main de maître ! Il était devenu un bon capitaine et ses hommes le respectait beaucoup. Bien sur on l’avait grandement aidé, Sheridan, de 2 ans son ainé avait été un professeur exceptionnel, Shane d’ailleurs aimait à dire qu’il lui devait tout. C’était lui qui s’était occupé de ces jeunes bannis, alors qu’ils étaient déportés vers ces terres hostiles ou ils avaient travaillés dans les mines. Il avait été le père, le juge et le maître d’arme, une âme grandiose et royale. Shane était le capitaine mais personne au grand jamais n’aurait songé à désobéir à un ordre de Sheridan.

Shannon, fixa Brendan, les sourcils froncés, et poursuivit.

«  Je vais y aller, Brend, tu ne pourras pas m’en empêcher car je suis déterminée ! Dis leur que je les aime et que j’espère que tout ira bien de leur coté. Je ne peux plus freiner d’avantage mon…mon destin ! Ca va marcher, Brend, sourit et va te battre ! Ne leur laisse aucune chance ! !

« Shannon ne fait pas ca ! ! ! ! » Brendan s’était jeté sur elle mais n’avait fait que l’élancer d’avantage !… Telle une étoile noire, Shannon plongeât.