Il n’osent bouger ou même parler. Tout les autres se sont enfuit, ne reste maintenant plus qu’eux trois. Gabriel, le cousin survivant d’Alvaro, le Padre qui était absent du village le jour de l’attaque, et « Montagno ». Ils regardent leur jeune chef avec un respect mêlé de terreur. Alvaro Ochoa est assis au fond la ravine dans laquelle ils ont trouvé refuge en cette nuit glaciale, la grotte n’étant plus sure. Ses cheveux flottent au vent, et ses yeux révulsés sont comme deux braises. D’une vois monocorde, il énonce.

-         Juan, Marcelo, Enrique, Tomas,…

Ses paroles se perdent un instant dans le vent, mais c’est pratiquement en criant qu’il poursuit. 

-         J’ai essayé d’agir un homme de bien, j’ai prié Théus chaque jour, et qu’ai-je eu en retour ? Ceux que j’aime sont morts… MORTS ! 

Alvaro s’est levé, et ses mains rougeoient comme des charbons ardents. Un petit arbre a proximité prend spontanément feu, suivi d’un puis de plusieurs autres. C’est un véritable cercle de feu qui entoure Alvaro, tandis qu’il retombe à genoux, les mains tendues vers le ciel et les bras tremblants.

-         VERONICA ! COMMENT AVEZ VOUS OSES ?

D’un geste brusque, il arrache sa croix des Prophètes de son cou, et la jette au loin.