L'Attaque
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-         Silence, je crois qu’ils arrivent !

L’ordre est relayé silencieusement, tandis que sur le versant de la petite colline, une dizaine de silhouettes se recroquevillent derrières les rochers. En effet, quelques minutes après apparaissent au loin un, puis trois chariots, accompagnés de huit cavaliers. Le convoi avance lentement, pesamment vers le petit pont en dessous duquel coule paresseusement la Sienda. Alvaro Ochoa tente de contrôler son léger tremblement en vérifiant la place de chacun. Miguel et José se sont placé sous le pont même, pour arrêter les fuyards éventuels ou faire diversion. Lui-même tient fermement son mousquet, qui devra signaler le début de l’attaque. Il se tourne vers les deux silhouettes situées à ses côtés :

-         Visez les chevaux des deux hommes de tête, je m’occupe du chariot.

Le plus dur, songe Alvaro, est toujours l’attente. Un des chevaux du chariot en point de mire, il attend.  Les cavaliers de tête prennent pied sur le pont, puis le traversent, bientôt suivis par le reste du convoi. Alors que sa cible atteint tout juste l’extrémité du pont, Alvaro fait feu, deux autres détonations faisant immédiatement écho à la sienne.

Trois chevaux blessés s’écroulent, bientôt suivi par un quatrième, son cavalier se montrant incapable de le contrôler. Mais un des soldats réagit rapidement, hurlant quelques ordres en montaginois :

-         Pierre et Bernard, reculez hors du pont, les démontés, derrière le chariot, les autres en avant avec moi !

Les castillans descendent maintenant rapidement la colline, se portant à la rencontre des montaginois. Alvaro lui-même a lâché son mousquet et tente de rattraper ses hommes. Le capitaine adverse est meilleur qu’il ne le pensait… Il peste une fois de plus contre leur manque de connaissances tactiques. Raison de plus pour le mettre hors combat au plus vite. Esquissant un salut, il pointe sa rapière dans la direction du gradé, qui répond à son salut et éperonne son cheval.

A l’arrière du pont, Miguel et José sont aux prises avec deux des soldats, et Alvaro voit du coin de l’œil un des cavaliers démontés charger lentement un pistolet, abrité derrière le chariot immobilisé. S’ils ne brise pas rapidement la ligne montaginoise avant, il y aura grand risque qu’un des castillans ne rentre pas à la cache ce soir.

Mais il est bientôt trop tard pour la réflexion. Le capitaine est sur lui, ayant à sa surprise démonté. L’instant d’après, la rapière d’Alvaro rencontre la main gauche du montaginois, qui réplique immédiatement, passant une pointe à quelques centimètre du torse du castillan. Il lui faudrait du temps, mais il n’en a guère. Théus sait ce qu’il peut bien se passer autour. Parant une nouvelle attaque, Alvaro pointe en avant vers le cœur du montaginois. Celui-ci réagit à la perfection, reculant et baissant sa main gauche dans le même mouvement, pour apercevoir la rapière d’Alavro à moins d’un empan de son visage. Ce dernier sourit :

-         Lâchez votre arme, capitaine, et dites à vos hommes de se rendre.

-         Si je le fait, auront-ils la vie sauve ?

-         Je vous le promet, Théus m’en soit juge.

Le capitaine donne un ordre rapide, et Alvaro réprime un soupir de soulagement, voyant un des montaginois baisser un pistolet pointé sur Miguel.

-         Dites-leurs d’abandonner le chariot.

-         C’est déjà fait. Superbe feinte, jeune Signor.

Alvaro ne peut s’empêcher de laisser passez un sourire fier.

-         C’est à mon père que je la dois, et il était un redoutable escrimeur. Une fois que vos hommes auront posés leurs pistolets et mousquets, vous serez libres de partir.

-         Je vous remercie, jeune Signor. Peu de gens parviennent à garder leur tête froide dans ces circonstances dramatiques, et j’avais bien peur pour mes hommes.

Le capitaine le salue à nouveau, fort étonné de s’en tirer à si bon compte et réunit ses hommes avant de s’éloigner.

            Alvaro lui s’est tourné vers son petit groupe. Deux des hommes sont blessés, dont Juan relativement grièvement. Malgré toute la prudence dont il fait preuve, la guerre reste extrêmement dangereuse, et ils pourraient très bien un jour tomber sur plus fort qu’eux. Mettant un genou en terre, il remercie Théus d’avoir un jour encore gardé ses hommes.

            Tandis que les castillans emportent le contenu du convois, un montaginois observe la scène au loin, avant de s’exclamer pour lui même :

            - Priez donc, vous en aurez bien besoin !