L'Ambassadeur
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Charles commence alors son histoire. Dans le semaines et les mois qui allaient suivre, il allait la raconter plus d’une fois…

«          En février 1665, comme vous le savez peut-être, je fut envoyé comme Ambassadeur Royal dans les territoire de l’Ouest que l’on appelle l’Archipel de Minuit pour une tournée d’inspection. Cette mission avait pour but de faire savoir à nos gens là-bas que mon frère le Roi ne les oubliait pas, ainsi que pour les récompenser pour leur dur labeur, ainsi que leur succès face à nos ennemis Castillans et Avalonais. En effet, les dernières nouvelles était plus que favorable à notre bonne nation : si les Castillans disposaient toujours de leurs deux îles, leur tentatives de colonisations postérieures vers l’Ile Nord avaient été dûment stoppée par les multiples manœuvres de nos fidèles colons. La voie de nouveaux territoires semblait ouverte pour Montaigne. Si le Roi était prêt à financer de nouvelles expéditions et implantations, les coffres du Trésor ne désempliraient plus. Je parti donc plein d’espoir et de reconnaissance envers ces hommes et femmes qui avaient bravés de multiples dangers pour la plus grande gloire de la Couronne. Après un voyage étonnement facile, j’accostait dans le lointain Ouest.

            Durant deux mois, je parcourut les terres Royales d’Outremer, rencontrant les différent gouverneurs et militaires. Je put constater le travail important que avait été effectué, mais à Port Royal, il me sembla à plusieurs reprises ressentir comme une gêne chez mes interlocuteurs. Souhaitant tirer cette affaire au clair, je chargeais deux de mes gens de se renseigner auprès de la population de la situation réelle dans l’Archipel. Au fur et à mesure de mes investigations il devint relativement clair que les choses n’étaient pas aussi roses que ce que voulait me faire croire les nobles envoyés de mon frère, et l’apparente servilité du Gouverneur Javert me parut de plus en plus suspecte . J’envoyait aussitôt une missive au Roi, lui expliquant mon intention de rester quelques semaines de plus en Outremer. Je devais amèrement regretter cette décision, comme vous le comprendrez bientôt.

            Or donc, soucieux de soigner les apparences pour n’effrayer personne, je passais de longues heures dans le palais surplombant la ville, à profiter du climat et des multiples plaisir raffinés dont me comblait de multiples courtier recherchant des faveurs. Je leur prêtait une oreille attentive, moins intéressé par leurs requêtes que par ce qu’ils pouvaient me dire de la situation sur place. Les jours passèrent sans que rien viennent confirmer mon sentiment de fausseté pourtant persistant.

            C’est alors que l’épuisement et le doute commençaient à poindre que l’assistant du Gouverneur, un jeune homme de bonne famille d’une trentaine d’année nommé Arnaud de Courtevoy, vint me demander audience. M’attendant à subir une nouvelle série de revendication vernissées de respect et de politesse, je fut plus que surpris de voir ce jeune hardi me demander une entrevue privée. Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvâmes dans un agréable boudoir, où je profitai de l’absence des regards pour goûter à ce tabac dont on m’a tant parlé. De Courtevoy était visiblement intimidé, mais son impatience l’emporta sur sa peur. Esquissant un sourire bienveillant, je tentai de le mettre à l’aise. Notre conversation commença sur des bases entendues, mais je pense que je garderai ce souvenir jusqu’à ma mort. D’autant que ce devait être la dernière fois que je le vit vivant.

-         Mes félicitations, jeune homme, pour votre travail efficace et désintéressé. Le Gouverneur ne se tarit pas d’éloge à votre sujet.

-         Milles grâces, Votre Altesse, je ne fait que servir loyalement votre frère le Roi.

-         Je suis bien aise de l’entendre. Mais je suppose que ce n’est pas pour recevoir ces compliments, même milles fois mérités, que vous m’avez fait si urgente demande.

-         Hélas non, Votre Altesse, les nouvelles que je vous porte sont fort douloureuses. Et elle concerne l’intérêt de la Nation.

-         Vous m’inquiétez, jeune sire. Que se passe-t-il donc de si gênant ?

-         Et bien Votre Altesse, je pense que le Gouverneur Javert vous cache des choses, par peur du rapport que vous pourriez en faire à votre frère…

A cet instant, la voix de jeune Arnaud s’est fait plus hésitante, son élocution moins maniérées. Ses mains se tournent et se retournent, alors qu’il cherche visiblement comment m’annoncer la nouvelle.

-         Parlez sans crainte, mon frère saura récompenser votre dévotion.

-         Bien. Disons que la situation ici n’est pas aussi bonne pour notre bonne nation que ce que le Gouverneur à pu vous dire.

-         Y-aurait-il des problèmes ici ou à Fort-de-Gascogne ?

-         Il ne s’agit pas exactement de cela, mais la présence Castillane dans l’archipel se fait chaque jour plus forte.

-         Ils auraient donc réussi à prendre pied sur l’Ile Nord ?

-         Non seulement sur celle là, mais sur deux autres plus vastes, à l’ouest de Port Royal. Et leurs navires se font sans cesse plus nombreux et plus agressifs…

Je pris alors le temps d’intégrer ces nouvelles qui si elles étaient effectivement for préoccupantes, ne me surprenaient pas outre mesure.

-         Et que fait le Gouverneur pour changer cet état de fait ?

-         Et bien justement… Il ne semble pas faire grand chose, de peur probablement que votre frère soit mit au courant de son incompétence.

Etant à ce moment suffisamment sur de moi, je remerciai De Courtevoy comme il se doit, lui promettant que ces nouvelles arriveraient dans la plus grande discrétion aux oreille du Roi, lui conseillant de surtout ne rien changer à ses habitudes et d’attendre de mes nouvelles.

J’annonçai le lendemain ma décision de quitter l’Outremer pour rendre compte auprès de mon frère de la volonté et du courage de ses fidèles vassaux. Le départ fut fixé pour le lundi suivant, alors que le Gouverneur tint à faire organiser une grande fête en mon honneur. Par précaution, je n’avais pas revu le jeune assistant, espérant juste échanger quelques mots avec lui lors de la soirée au palais, où il serai certainement. Je supervisai donc sereinement les différents préparatifs de mon départ.

Le soir de la fête, je fut surpris de ne pas voir De Courtevoy. Je m’en informai discrètement auprès d’un de mes aides, avant que le Gouverneur lui même vienne m’annoncer une « douloureuse nouvelle » : Arnaud de Courtevoy avait été abattu dans une rue du port alors qu’il représentait le gouverneur à la capitainerie. Le Gouverneur avait immédiatement mis sur l’affaire ses meilleurs hommes, et attendait des résultats d’un instant à l’autre.

Ne comprenant que trop bien ce qu’il se passait, et furieux de l’outrecuidance de Javert, je le remerciai poliment. Un avalonais fut arrêté peu après, avoua avoir commis ce crime pour mettre à mal la présence montaginoise dans la région, et qu’il avait pris le jeune homme pour le Gouverneur. Absolument pas convaincu par cette explication mais disposant de peu de moyen de la mettre en doute, j’embarquai le lendemain sur mon navire, me jurant de faire payer Javert dès mon retour à Charouse. C’était le 12 juillet 1665, et je devait être en Montaigne au plus tard début août. Mais ce voyage allait être bien plus long que prévu et la perfidie du Gouverneur devait aller encore bien plus loin que tout ce que j’avais pu imaginer.»

Sur ces mots, Charles de Montaigne se tait à nouveau. Encore sous le choc, Paul et Marthe restent silencieux plusieurs secondes. Enfin, la femme du pêcheur prononce quelques mots.

-         Mon seigneur, vous feriez mieux de rester coucher, vous êtes encore très faible…

-         Vous avez raison…

Il se recouche, puis semble se rappeler quelque chose, et se tourne hâtivement vers Paul :

-         Quand vous m’avez trouvé sur la plage, est-ce que j’avais quelque chose, un sac avec moi ?

-         Oui, il est a côté de vous. Nous n’avons touché à rien.

-         Théus soit loué…

L’homme se calme alors et ne tarde pas à s’endormir